Armstrong banni par l’UCI : les cyclistes sont-ils tous dopés ?

Lance Armstrong à l'eau claire, une image rareComme prévu, l’UCI (Union Cycliste Internationale) a décidé de priver Lance Armstrong de ses 7 victoires sur le Tour de France et de le suspendre à vie. En revanche, on ne sait pas encore si le palmarès de ces Tours de France restera vierge (si ce n’est pas le cas, voilà les nouveaux vainqueurs), si le coureur américain devra rendre les gains amassés durant ses victoires, ou si la photo que vous voyez dans cet article n’est pas qu’un grossier montage présentant Armstrong, une bouteille d’eau à la main.

En ce lundi 22 octobre, le monde du cyclisme est en émoi : incroyable ! L’icône Armstrong s’effondre ! Ce n’était qu’un tricheur !… A la lueur des différentes réactions des acteurs du cyclisme, on est en droit de s’interroger : Armstrong était-il vraiment à la tête du plus grand système de dopage jamais organisé ? Ou n’est-il finalement qu’un des symptômes d’une maladie qui s’étend à tout le cyclisme ? Bref, Armstrong grand méchant loup ou les cyclistes sont-ils tous dopés ?

Des réactions diverses : de la vierge effarouchée à l’admirateur secret

Aujourd’hui, on a le droit à toutes sortes de réactions concernant l’affaire Armstrong. Premièrement, ceux qui tombent des nues. Jean-René Bernaudeau, directeur sportif de l’équipe française Europcar : « C’est tellement énorme qu’il faut du temps pour digérer. Le processus mis en place était inéluctable, le plus grand tricheur est tombé. » Peut-on vraiment imaginer que le patron d’une des plus grandes équipes françaises n’ait rien vu, rien entendu ? Les coureurs, notamment lorsqu’ils changent d’équipe, ne parlent-ils jamais entre eux ? Comment ne pas penser que certains avaient au moins de forts soupçons ?

Des soupçons, apparemment, certains en avaient. Marc Madiot, directeur sportif de l’équipe française FDJ : « Ce n’est pas fini. Il y a l’affaire Ferrari, Puerto. Ce serait trop facile de s’arrêter. J’attends, après on causera. Je ne peux pas me satisfaire de ça. » Lui semble assez prompt à dénoncer les affaires une fois qu’elles sont sorties sur la place publique. S’il n’est pas satisfait en l’état, n’a-t-il rien à déclarer qui puisse faire avancer la lutte antidopage ?

Laurent Jalabert, ancien coureur, notamment dans une équipe (la Once) touchée par un scandale de dopage, et aujourd’hui consultant France TV, en profite lui pour clamer son admiration pour l’Américain : « Quoi qu’il en soit, c’est un immense champion, il avait un talent énorme. » Doit-on en déduire que lorsqu’on a un « talent énorme », on est excusé de tricher ? « Jaja » essaie-t-il de justifier des pratiques courantes dans son sport ?

Le problème, c’est que « l’affaire Armstrong » semble trop grosse pour être passée inaperçue aux yeux de tous. Un mec aurait guéri d’un cancer, serait revenu pour gagner le Tour de France et aurait monté, avec la complicité de dizaines de cyclistes, de directeurs, de médecins, le plus grand système de dopage de l’histoire du sport, lui permettant de devenir une légende vivante avec 7 victoires. Et tout ceci sans que personne ne se rende compte de rien. Clairement, il y a un problème de dopage en cyclisme et la loi du silence semble être tellement ancrée dans le peloton qu’elle n’est presque jamais remise en question. Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, a déclaré : « Aujourd’hui, les coureurs qui trichent savent qu’ils tomberont tôt ou tard. » Comment peut-on en être sûr ? Combien de coureurs tranquilles pour une affaire Armstrong ? Peut-on encore croire qu’il existe des cyclistes « propres » ?

Peut-on faire le Tour de France sans se doper ?

C’est finalement la question que beaucoup se posent, en particulier avec ce genre d’affaires. S’il est impossible de faire le Tour de France sans dopage, alors il est normal de prendre des produits illicites et on pourrait presque légaliser le dopage. Si tant est que tout le monde triche de manière équitable bien entendu…

Donc beaucoup de gens vous diront qu’un tel exploit est impossible. Que vous devriez essayer de monter les cols du Tour et que vous vous rendriez compte de vous-même qu’un tel prodige relève du surhumain. C’est là où l’argument est intéressant : si le « commun des mortels » est incapable de réaliser cette prouesse, alors c’est impossible. Donc ceux qui y arrivent sont dopés, « et pis c’est tout ». Moi, je ne pourrais pas faire le Tour de France. Je ne pourrais pas non plus courir un marathon en moins de 3 heures (ok, je ne peux pas courir un marathon). Je ne pourrais pas être aussi rapide qu’Usain Bolt, jouer au tennis aussi bien que Federer, marquer autant que Messi, parier aussi vite que Karabatic… Et combien dans le monde en seraient capables ? Est-ce parce que nous sommes moins bons que des sportifs de haut niveau, que des professionnels, que ces derniers ont nécessairement recours au dopage ?

Je pense qu’un des dangers de telles accusations, c’est qu’on s’interdit le droit de rêver. De rêver que les exploits des plus grands sportifs sont des prouesses réalisées par des champions, qui ont travaillé toute leur vie pour y arriver et qui bénéficient sans doute de prédispositions, ou d’un don si on peut appeler ça ainsi. D’accord, on arrive à prouver qu’Armstrong doit ses victoires sur le Tour à l’usage de substances illicites. Mais je crois sincèrement que dans l’ensemble du peloton, il y a des cyclistes qui font leur métier honnêtement et qui achèvent le Tour de France sans l’aide de produits dopants. Ceux-là sont les vrais champions de leur sport. Et c’est pour eux que je continue de regarder la Grande Boucle.

B.

2 réflexions sur « Armstrong banni par l’UCI : les cyclistes sont-ils tous dopés ? »

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