Le tennis pour les nul(le)s

Le tennis pour les nul(le)sRoland Garros débute aujourd’hui. Pour les fans de tennis, c’est une excellente nouvelle : enfin une grande quantité de matchs diffusés en clair ! Mais vous, oui vous, qui ne voyez pas tellement l’intérêt de voir deux personnes s’envoyer une balle jaune avec des espèces de grandes poêles, vous êtes sceptique. Mais puisqu’on est parti pour deux semaines de tennis, autant s’y intéresser ! Et peut-être qu’en comprenant les règles du tennis, vous deviendrez accro à « RG » ! Le Yaourt du Sport vous explique les fondamentaux de la balle jaune avec le tennis pour les nul(le)s !

Vous allez le voir : apprendre les bases du tennis en partant de rien ou presque nécessite déjà un peu de temps et de pratique. Cet article a pour but de vous mettre la main à la raquette (ou l’œil à la télé) le plus rapidement possible. Si vous souhaitez faire encore plus de progrès (côte à côté ou l’un derrière l’autre), vous pouvez ajouter le livre Le Tennis pour les Nuls à votre bibliothèque. En plus, il tient debout.

Le tennis : comment ça marche ?

Un court de tennisLe principe du tennis se rapproche du jeu de la patate chaude : vous devez envoyer la balle vers votre adversaire et faire en sorte que celui-ci ne puisse pas la renvoyer de votre côté (il n’y a droit qu’à un rebond sur le terrain). Pas question de viser les yeux pour autant puisque vous devez évidemment respecter les limites du terrain, qu’on appelle le court (voir schéma ci-contre) et qui est divisé en deux camps par un filet. Les zones latérales du court, les « couloirs », ne peuvent être utilisées qu’en double (match 2 contre 2), pas en simple (match 1 contre 1). Lors d’un échange, vous marquez donc le point si vous parvenez à envoyer la balle dans le camp de votre adversaire sans qu’il parvienne à la renvoyer, ou si vous le poussez à la faute, c’est-à-dire s’il envoie la balle en dehors des limites, ou dans le filet.

Le service

Pour engager, un joueur doit effectuer un service. En général, sauf service « à la cuillère » (se dit d’un joueur qui troque sa raquette contre une cuillère à soupe), le serveur lance la balle au-dessus de sa tête et la frappe de sorte à ce qu’elle rebondisse dans le « carré de service » opposé en diagonale. Il a le droit à deux essais pour réussir son service. S’il effectue deux services « out » ou dans le filet, on parle de « double faute » et le point va à son adversaire. Petite exception : si la balle servie heurte la bande supérieure du filet et retombe dans le bon carré de service, il y a « let » et le joueur peut recommencer sans perdre un de ses deux essais. A chaque point, le serveur alterne entre le côté droit et le côté gauche du court pour engager. Servir représente un vrai avantage dans un échange : imaginez-vous en train de recevoir une balle à 251 km/h (record de vitesse en compétition) pour vous en convaincre. D’ailleurs, avec un service comme ça, vous avez des chances de réaliser un « ace » : un service gagnant que votre adversaire n’arrive pas à toucher.

Comptons les points, oublions la simplicité

En général, c’est là que ça se complique ! Avant de commencer, accrochez-vous et lisez ce petit spoiler : un match est composé de sets. Un set est composé de jeux. Un jeu est composé de points.

Exemple de tableau de score au tennis

Exemple de score au tennis

Les points : 15, 30, 40

Ne pensez pas qu’en marquant le premier point, vous allez mener 1-0, ce ne serait pas marrant. En réalité, avec ce point, vous menez 15-0 (le premier nommé dans le décompte des points est toujours le serveur). Ensuite, si vous continuez, vous menez 30-0, puis 40-0. Et au prochain point, vous remportez un « jeu ». Et à ce moment-là seulement, vous menez 1-0, mais pour 1 jeu à 0. Et là, vous allez me demander : c’est quoi cette merde ? d’où vient ce décompte si compliqué ? Cela vient du jeu de paume, sport médiéval ancêtre du tennis. Dans ce jeu, au fur et à mesure du match, des pénalités obligeaient un joueur à reculer successivement de 15, 30 et 40 pas. Certes, mais pourquoi dans le jeu de paume, ils utilisaient un système si alambiqué ? Et bien, la réponse va vous surprendre : on ne sait pas. Mon intuition est que les inventeurs de ce jeu avaient séché l’école maternelle ou avaient abusé de l’absinthe. Mais l’histoire de l’Homme est aussi faite de mystères. Pourquoi a-t-on décrété que la cravate était élégante et pas la banane ? Bref, on s’égare.

Égalité et avantage

Quand vous menez 15-0 et que votre adversaire marque le point, il y a 15-15, mais on dit « 15A » (A comme « égAlité » ? Je n’en sais rien). Pareil pour 30A. En revanche, sachez que s’il y a égalité à 40A, on dit qu’il y a… « égalité ». Mais ce qui change, c’est que vous avez alors besoin de deux points consécutifs pour remporter le jeu. Si à 40A, vous gagnez le point, il y a « avantage » pour vous. Si vous remportez le point suivant, vous empochez le jeu. Si c’est votre adversaire, on retourne à « égalité » 40A.

Jeu, break et débreak

On a vu comment gagner un jeu. Notez aussi que l’identité du serveur change à chaque jeu. Et lorsqu’un joueur gagne un jeu sur le service de son adversaire (ce qui est plus difficile normalement), on dit qu’il fait le « break », qui est un avantage souvent déterminant. On parle aussi de « débreak » quand un joueur arrive à breaker son adversaire après avoir lui-même concédé un break dans le même set.

Jeux, Set et… tie break

En remportant 6 jeux, un joueur empoche un « set », ou une « manche ». MAIS il faut qu’il y ait 2 jeux d’écarts. Par exemple, à 6-5, ce n’est pas fait, il faut qu’il y ait 7-5. Et à 6-6, on ne joue plus un jeu normal (à part en cas de 5e set), mais un « tie break », ou « jeu décisif » en français (qui porte bien son nom puisqu’il est décisif pour l’attribution du set). Il s’agit d’un jeu où on compte les points de manière plus intuitive : 1-0, 1-1, 2-1, 3-1… Jusqu’à ce qu’un joueur arrive à 7 et, s’il y a deux points d’écarts, il remporte ce tie break, et donc le set. S’il n’y a pas deux points d’écarts, on continue… le temps qu’il faut. Le record étant 20-18.

Set et match

Enfin, pour gagner un match de tennis, il faut généralement remporter deux sets. On parle de matchs en « deux sets gagnants » (trois sets maximum disputés donc). Il n’y a que dans les très gros tournois masculins que se disputent des matchs en « trois sets gagnants » (si vous avez fait des études supérieures en mathématiques, vous serez capable de calculer le nombre de sets maximum dans une telle partie).

Pour récapituler, gagner un match, c’est gagner 2 ou 3 sets. Gagner un set, c’est gagner 6 jeux avec 2 jeux d’écarts, ou le tie break à 6-6. Gagner un jeu, c’est gagner au moins 4 points, dont le dernier à 40-0, 40-15 ou 40-30, ou encore après avoir pris l’avantage à égalité 40A. Pas simple, mais si vous avez réussi à suivre Inception, vous devriez vous en sortir. Courage.

Les tournois

Il existe une multitude de tournois à travers le monde qui permettent aux joueurs de se mesurer les uns aux autres et de rencontrer des filles pleines de cocaïne. Impossible de tous les citer, mais voici ceux que vous devez retenir pour faire genre le tennis, c’est toute votre vie.

– Les tournois du Grand Chelem sont les quatre compétitions les plus prestigieuses :Les quatre tournois du Grand ChelemCes quatre tournois se distinguent notamment par les différentes surfaces sur lesquelles ils se jouent. Et ce n’est pas qu’un détail, dans la mesure où chaque joueur, en fonction de son type de jeu, a ses préférences (comme Nadal qui préfère la terre battue). On parle de « Grand Chelem » quand un joueur remporte les quatre tournois sur une même année. Le seul tennisman à l’avoir réalisé depuis les débuts du tennis professionnel est Rod Laver (Australie) en 1969. Chez les femmes, elles sont deux à l’avoir réussi : Margaret Smith-Court (Australie) en 1970 et la légende Steffi Graf (Allemagne) en 1988. De plus, ces tournois sont ceux qui rapportent le plus de points au classement (voir ci-après), et bien sûr le plus d’argent. Par exemple, le vainqueur de Roland Garros remporte la bagatelle de 2,1 millions d’euros (en 2017, NDLR). Pour 7 matchs joués.

– Si le tennis est un sport essentiellement individuel (les simples, 1 contre 1, étant plus populaires que les doubles, 2 contre 2) et que les joueurs et joueuses pensent globalement surtout à leur gueule (pas de polémique), il existe quelques compétitions par équipe nationale. Parmi elles, la Coupe Davis pour les hommes et la Fed Cup pour les femmes. Ces tournois, en équipe donc, sont tellement importants pour les meilleurs joueurs que la plupart du temps, ils préfèrent ne pas la jouer, au risque de voir leur pays se prendre une rouste par le Kazakhstan, l’Inde ou la France.

– Enfin, parmi les autres tournois qui comptent, on trouve les Masters, qui regroupent, en fin d’année, les huit meilleurs joueurs et joueuses du monde. Une sorte de best of de la saison où beaucoup arrivent cramés ou déclarent carrément forfait. Et le reste de l’année, les autres grandes compétitions chez les hommes sont : les Masters 1000, qui rapportent 1000 points au classement, les Masters 500, qui rapportent 500 points, et les Masters 250, qui rapportent… 250 points. Chez les femmes, il y a les WTA Premier et les WTA International (pour être honnête, j’ai appris ces noms il y a deux jours, vous ne les entendrez que très rarement).

Les classements

Il existe un classement masculin, le classement ATP, et un classement féminin, le classement WTA, pour déterminer qui sont, chaque année, les meilleurs joueurs et meilleures joueuses. Ces hiérarchies sont mises à jour chaque lundi et tiennent compte des points obtenus lors des 52 dernières semaines. Le corollaire de ça, c’est que, partant du principe que les calendriers des compétitions évoluent peu d’année en année, un joueur peut gagner des places sans même jouer un tournoi. Illustration : en 2013, un joueur A gagne le tournoi de La Queue-en-Brie et un joueur B y a déclaré forfait. En 2014, juste avant le tournoi de La Queue-en-Brie, le joueur A est classé un point devant le joueur B et ces deux joueurs déclarent forfait pour l’édition 2014 de l’OLQB (Open La Queue-en-Brie). Mise à jour du classement après le tournoi : le joueur A « perd » les points acquis lors de sa finale 2013, tandis que le joueur B, sans jouer, ne « perd » aucun point et passe donc devant son ennemi de toujours (qui n’a jamais remarqué la rivalité entre A et B ?).

Utiles pour se la raconter, ces classements servent aussi à désigner les « têtes de série » pour chaque tournoi. Être tête de série signifie qu’on a un tirage au sort plus favorable au début d’une compétition : par exemple, au premier tour, on ne peut pas être opposé à une autre tête de série, qui est donc généralement un joueur bien classé.

Enfin, le classement « Race » (qui apparemment n’existe plus officiellement) fonctionne de la même manière, mais en ne prenant en compte que les résultats depuis le 1er janvier de l’année en cours. Ce classement permet surtout de déterminer les huit meilleurs joueurs et joueuses qui participeront aux Masters (voir ci-dessus). Mais il a aussi permis d’avoir des « n°1 mondiaux » français tels que Nicolas Escudé en janvier 2006. Rassurez-vous, ça n’a duré qu’une semaine. Et si vous avez bien suivi, vous aurez compris de vous-même qu’à la fin de l’année, le classement de sa Race (ah oui, au fait, il faut le prononcer à l’anglaise, « reyce », sinon vous perdez beaucoup de crédibilité) est équivalent au classement ATP (qui, rappelons-le, prend en compte les résultats des 52 dernières semaines…).

Les phrases chocs pour passer pour un expert du tennis

Fededal ou Narer, le morphing entre Federer et Nadal– Bien sûr, pour faire illusion, vous devez connaître quelques joueurs. Parmi eux, les deux plus importants sont sans doute Rafael Nadal (Espagne), actuel n°1 mondial, et Roger Federer (Suisse), ancien n°1 et aujourd’hui n°4. Dans les amateurs de tennis, il y a ceux qui sont pour Nadal et ceux qui sont pour Federer. Et généralement, ces deux camps s’opposent farouchement. Notamment parce que les deux tennismen pratiquent un jeu assez différent : là où Federer prône un jeu plutôt offensif et en finesse, Nadal est plutôt dans la défense et l’endurance. Prenez donc la température de votre interlocuteur (c’est une image hein, ne dégainez pas un thermomètre pour l’introduire je ne sais où). S’il semble plutôt favorable à Nadal : « Federer était peut-être bon avant, mais il a fait son temps. Nadal a encore de belles années devant lui ». Si c’est l’inverse : « Nadal est peut-être devant, mais Federer restera à jamais le joueur ayant pratiqué le plus beau jeu ». Et si vous faites mouche, insistez en parlant des soupçons de dopage qui reviennent souvent pour l’Espagnol : « C’est quand même louche ces blessures et ces retours incessants de Nadal… » Parmi les autres joueurs, retenez le Serbe Novak Djokovic, n°2 et grand favori de Roland Garros avec Nadal. Il pourrait redevenir n°1 mondial très prochainement. Vous pourrez aussi entendre parler de Stanislas Wawrinka, n°3, David Ferrer, n°5, ou Andy Murray, n°8.

(NDLR : ces phrases ayant été écrites en 2014, il est amusant de constater que peu de choses ont changé 3 ans plus tard, en 2017. Ce qui vaut aussi pour la suite…)

– Chez les femmes, c’est simple, retenez un nom : Serena Williams (USA). Elle écrase actuellement la concurrence. Ce qui était déjà le cas il y a plusieurs années quand elle et sa soeur, Venus (aucun lien avec les rasoirs), dominaient le circuit mondial. Donc tout ce que vous avez à faire, c’est exprimer votre scepticisme sur le niveau du tennis féminin : « Depuis le retour de Serena, il n’y a vraiment plus de suspense… L’écart avec les autres est trop grand. »

– Côté français, les meilleurs joueurs sont Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet. Pour le premier, il est toujours de bon ton de faire référence à ses apparitions dans les pubs : « Ah Tsonga, il ferait mieux d’arrêter les Kinder Bueno ». Des heures de rire en perspective. Quant à Gasquet, il a la fâcheuse réputation de céder dans les moments importants. Phénomène qui porte désormais un nom, que vous pouvez utiliser à votre guise : « Il nous a encore fait une Gasquette ! ». Côté femmes, c’est assez simple : il n’y a plus personne de crédible depuis la retraite de Marion Bartoli… à 28 ans. Etant donné que cette dernière était assez peu populaire, vous pouvez balancer sur elle sans crainte : « Elle a peut-être remporté Wimbledon, mais je pouvais pas la blairer ! »

– Enfin, pour sortir des commentaires avisés en regardant un match avec quelqu’un, apprenez quelques noms de coups. Un coup frappé du côté où on tient la raquette (à droite pour un droitier donc) est un coup droit. De l’autre côté, c’est un revers. L’occasion de dire, lorsque vous voyez un point gagnant : « Untel a vraiment un beau coup droit / revers ! » (je précise que le joueur « Untel » n’existe pas, il faut le remplacer par un vrai nom). Et pour bluffer l’assistance, essayez de reconnaître un passing-shot, ou « passing » : lorsque votre adversaire monte au filet, vous faites un « passing » quand vous envoyez la balle sur un côté, de sorte à ce que votre rival ne parvienne pas à la renvoyer correctement. Alors si vous arrivez, au bon moment, à placer « Ouah ! Quel passing ! », vous allez faire sensation. Bon, si c’est pas le moment, et que vous le dites pendant qu’on bâche le court, c’est beaucoup moins impressionnant.

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, bravo, vous avez terminé cette aventure ! Mais ce n’était que le premier niveau… Pour gagner d’autres points de compétences, rappelez-vous que vous pouvez vous aider du guide papier

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B.

6 réflexions sur « Le tennis pour les nul(le)s »

    • Merci à toi de ton mot ! :) Pas si compliqué, mais il vaut mieux se poser quelques minutes pour tirer les choses au clair !

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