Le 31 août marquait, outre la belle victoire des Bleus face aux Pays-Bas, comme chaque année la fin du mercato estival pour les clubs de foot européens. Cette période a cette année été marquée par une nette envolée des prix. 222 millions d’euros pour Neymar au PSG, 180 M€ pour Kylian Mbappé au… PSG, 140 M€ pour Ousmane Dembélé au Barça, 6 M€ pour Adil Rami à l’OM…. Bref, ce mercato était encore pire que d’habitude. Parce qu’il ne faut pas se leurrer : ça fait un moment que l’argent a « corrompu » le foot. Parler avec nostalgie de l’époque des Zidane, Figo, etc., c’est évoquer un temps où Zizou était acheté environ 75 M€ par le Real, ce qui était déjà colossal. Aujourd’hui, le prix des transferts a donc triplé. Face à cette inflation, la même question revient à chaque fois : Neymar/Mbappé/Dembélé vaut-il ce prix ? (Spoiler : la réponse est non) Le Yaourt du Sport répond à toutes ces questions et reprend les bases du mercato pour tout comprendre au marché des transferts qui vient de s’écouler.
Un joueur ne vaut rien
C’est LE principe de base à ne pas oublier quand on regarde le marché des transferts. En réalité, un club ne peut pas « acheter » un joueur dans le sens où il pourrait dépenser des milliards d’euros, il ne possèderait pas pour autant le joueur en question. Pour la simple et bonne raison qu’on ne peut pas être propriétaire de quelqu’un. Et ce depuis environ l’abolition de l’esclavage.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un joueur est (généralement) sous contrat avec un club. Un genre de CDD, avec une date de début et surtout une date de fin. Pour que le club en question accepte de le libérer de son engagement, il demande en général une contrepartie financière. C’est cette somme que va payer un autre club pour ensuite offrir un contrat à son joueur. Et forcément, plus il reste d’années de contrat dues, plus le montant du transfert peut s’élever. Par exemple, avant de signer au PSG, Neymar était sous contrat avec le FC Barcelone jusqu’en 2021. Pour le recruter, il fallait donc soit être patient, soit payer cher. Les Qataris ne sont pas très patients. Idem pour Mbappé qui était sous contrat avec Monaco jusqu’en 2019. Ce ne sont donc pas (seulement) les qualités sportives d’un joueur qui font le prix d’un transfert, mais bien la durée restante de son contrat. C’est pourquoi un joueur comme Zlatan Ibrahimovic, en 2016, alors qu’il était encore dans le Top 15 du classement du Ballon d’or, a été « acheté gratuitement » par Manchester United au PSG. Ça ne voulait pas dire qu’il ne valait plus rien. Juste qu’il était en fin de contrat.
Transfert ou prêt ?
Le transfert n’est pas le seul moyen pour un club de s’offrir les services d’un joueur. Il peut également se le faire prêter. La durée d’un prêt peut varier, mais elle est fréquemment d’un an, et il peut être payant ou non, avec une option d’achat ou non. Une option d’achat permet de fixer à l’avance le prix à payer pour un futur transfert et elle peut être obligatoire ou non (dans ce cas, c’est simplement une façon déguisée de transférer un joueur, tout en payant la somme réclamée plus tard). Par exemple, officiellement, Kylian Mbappé est prêté par Monaco au PSG, avec une option d’achat (théoriquement non obligatoire) de 180 M€ (tous bonus compris). Il est donc encore sous contrat avec l’ASM et rejoindra définitivement les rangs parisiens après versement des 180 M€ l’an prochain.
Le problème du prêt, notamment sans option d’achat, pour un club est qu’il ne lui confère aucun droit concernant le joueur. Si ce dernier est excellent durant la durée du prêt, il y a des chances que cela profite surtout au club prêteur, qui va pouvoir le revendre cher. C’est pourquoi les clubs fortunés essaient plutôt d’acquérir les droits d’un joueur en le transférant. Mais combien « faut-il » payer pour libérer un joueur ?
Libérez les millionnaires !
Il n’y a pas de règle générale, il s’agit d’une négociation de club à club. SAUF dans le cas où il existe, dans le contrat du joueur, une clause libératoire. Cette clause indique le montant à partir duquel le joueur peut être libéré de son contrat. En général, les clubs mettent des sommes farfelues pour éviter de voir leur poulain s’échapper avant la fin de son engagement. Mais « farfelu », c’est relatif. C’est pas la même définition au Qatar visiblement. En effet, Neymar avait une clause libératoire de 222 M€ dans son contrat, ce qui n’a pas trop posé de problème au PSG. A combien s’élevait la clause de Mbappé, me direz-vous ? Réponse : il n’y en avait pas. Les clauses libératoires sont interdites en France, par la LFP. Comme ça, Dijon peut acheter n’importe quel joueur de Paris !
J’en entends d’ici certains s’insurger contre ces chiffres astronomiques. « C’est scandaleux quand on pense au nombre de smicards / de personnes sous le seuil de pauvreté / d’enfants qui meurent de faim / de chiots qui attendent d’être adoptés ». Certes. Mais il est absurde de comparer un SMIC à un montant de transfert. Mbappé, par exemple, ne touchera absolument rien des 180 M€ payés par Paris à Monaco. Il ne s’agit ici que d’une négociation entre deux entreprises, un peu comme quand Facebook rachète Instagram pour un milliard de dollars. Non, ce qu’on peut légitimement comparer, ce sont les salaires. Qu’a fait Neymar dans sa vie pour mériter 30 M€ par an, soit environ 1700 SMIC annuels ? C’est un autre débat.
Du fair-play financier
Pour autant, un club peut-il dépenser autant qu’il veut, quand il veut ? En théorie, la réponse est non. Il existe un dispositif de l’UEFA, appelé fair-play financier, qui est censé réguler les dépenses des équipes participant aux compétitions européennes. Je ne vais pas entrer dans le détail parce que ce n’est pas si simple que ça et que les considérations comptables me gonflent au plus haut point, mais la règle de base est : les clubs ne doivent pas dépenser plus qu’ils ne gagnent. Voilà pour la théorie. Parce qu’en pratique, il semble tout à fait possible d’enrouler le fair-play financier sur lui-même pour finalement se torcher le fion avec et l’envoyer tel quel au siège de l’UEFA, sans aucun souci. Apparemment, le PSG a su trouver différentes combines financières pour s’adjuger les services de deux joueurs pour environ 400 M€. On est loin des considérations premières du fair-play financier.
Car le but initial de cette règle était bien d’empêcher les dérives liées à l’argent dans le foot et d’éviter un club « cheaté » qui achèterait tout le monde. Faisons une analogie pour ceux qui aiment le cyclisme (il doit bien y en avoir deux ou trois qui se sont perdus ici) : en 2002, je jouais à Cycling Manager 2 et dirigeais la Kelme, avec notamment Santiago Botero et Oscar Sevilla, pour ceux qui s’en souviennent et qui sont néanmoins capables d’aller sur Internet. Grâce à une astuce dans les propositions de contrat, j’avais acheté Armstrong, Ullrich, Beloki, Heras, Basso, Mancebo… Du coup, je gagnais absolument toutes les courses en envoyant tous mes coureurs à l’avant comme un bourrin. Ca me faisait marrer dans le jeu, mais qui voudrait voir l’équivalent de cette situation en Ligue 1 ou en Ligue des champions ? Les supporters du club sans doute. Et encore.
C’est pourquoi on peut être circonspect quant à l’efficacité du fair-play financier face à un gagnant de l’Euromilliards comme le PSG. Et quoi qu’il en soit, ce dispositif de l’UEFA présente d’autres défauts. Admettons qu’il soit efficace : la seule chose qu’il permettrait vraiment, c’est que les riches restent riches et soient les seuls à pouvoir s’offrir les meilleurs joueurs. Si on ne peut dépenser que ce que l’on gagne, comment Guingamp pourra rattraper le Real Madrid, sans pouvoir acquérir de nouveaux éléments de qualité ? Et déjà sans pouvoir garder ses meilleurs espoirs qui ont la possibilité d’être bien mieux payés dans un plus grand club ? En fin de compte, avec son argent soi-disant illimité, le PSG n’a fait « que » deux folies cette année, avec Neymar et Mbappé. C’est pas tellement différent d’il y a 8 ans quand le Real achetait CR7, Kaka ou Benzema la même année…
Avec ou sans fair-play financier, on est loin d’un monde juste et égalitaire. Avec, on reste figé sur un modèle où une dizaine de clubs peuvent se payer les meilleurs joueurs. Sans, on en ajoute 2 ou 3 de plus. Finalement, la solution, ce serait peut-être que les joueurs soient tenus de respecter véritablement leurs contrats… Mais pour certains, ce serait un retour en arrière. Vers l’époque où l’argent n’avait pas encore corrompu le foot ?
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B.
ce que tu écris, c’est exactement ce que m’expliquait Bernard Laporte en ce qui concerne le rugby.
Malgré tous ses efforts, pour mettre l’argent à l’abri des convoitises tout au fond de ses poches, ça ne tourne toujours pas rond, mais c’est peut-être normal, vu la forme du ballon …
Trop drôle :-)
Ca me rappelle celui qui disait « Pour être sûr que ta femme soit épanouie, le mieux, c’est que je m’en charge. Me dis pas merci, c’est un service que je rends à un pote. »
C’est sûr qu’avec un honnête homme tel que Bernard Laporte, on est sûr que l’argent est bien gardé !
Eh ben dis donc … Quand je proposais de parler du mercato, je parlais exactement de ça. Et à l’époque, c’était avant les vacances, ça t’a juste fait rigoler. Mais maintenant, t’as l’air un peu énervé (escuse le tutoiement, je ne vouvoie que les connards)
Un genre de CDD … c’est déjà le cas et c’est pas assez. Il faudrait un vrai CDD. Quand tu voies ce négrier d’Aulas qui envoie des joueurs en CFA parce qu’ils ne veulent pas prolonger, tu te dis que ce (censuré par l’auteur) mériterait de (censuré par l’auteur) par un âne ! … (Dans le cas de Gourcuff, c’était prolongation AVEC réduction de salaire ! Pas de bol pour le gone, le breton est fragile mais pas débile !)
C’est à la FIFA de réglementer mais ils sont les premiers à en profiter (pour être poli en parlant des maquignons que sont Blatter et platini). Ils ont eu un mal fou à accepter l’arrêt Bosman. Avant cet arrêt, le club ETAIT propriétaire du joueur … comme l’étaient les exploitants et exploiteurs des champs de coton des États du Sud du pays du Rêve et de la Liberté.
Aujourd’hui le Qatar se sert de sa puissance financière pour faire du soft power. Ils ont décidé de compisser les règles. Règles qui ne protègent que les riches, arbitrage compris. (Entre nous, l’arbitrage Barcelone – PSG a dû les énerver)
pour ceux qui n’ont pas zappé leurs cours d’histoire, on revit l’époque des bourgeois qui prennent le pouvoir su les nobles.
Sur ce, comme dirait le président de l’OM, : « une bonne tisane et tout rentrera dans l’ordre ».
:-)
PS : bravo, pour la photo du Kangourou. C’est courageux !
Je ne suis pas du tout énervé, j’essaie juste de tirer les choses au clair… :)
Je pense aussi qu’un des problèmes de fond vient des contrats. Les joueurs se plaignent des clubs qui les emprisonnent en voulant les faire aller au bout de leurs contrats. Les dirigeants se plaignent des joueurs qui veulent aller au bout de leurs contrats parce que cela ne va pas leur rapporter d’argent. Pour rester sur l’exemple d’Aulas, je me souviens qu’il avait vilipendé Gomis parce qu’il ne voulait pas partir à un an de la fin de son contrat…
Les bourgeois qui prennent le pouvoir sur les nobles, c’est pas encore fait là. Ce qui est sûr, ce que le reste du tiers état est bien loin de ces considérations. ;)
Nan mais on discute tout en étant d’accord. C’est évidemment un problème de contrats qui sont de faux CDD mais qui devraient être alignée sur de vrais.
Je pense que les contrats des entraîneurs sont un peu moins foireux. Selon mon souvenir Ancelotti a dû casquer +/- 8 patates pour quitter du club qatari :-)
J’ai pas voulu parler de Gomis pasque j’ai un peu la crampe de l’écrivain mais c’est clair qu’Aulas a envoyé Gourcuff et Gomis ensemble en CFA ET pour la même raison …
Aux prud’hommes Aulas se serait fait défoncer … mais c’est pas le genre de soucis, montants obligent, qui de règlent par là-bas.
Merci pour ton blog … :-)
Désolé pour les fôtes de frappe ci-dessus.
Commence à se faire tard !
Merci à toi de contribuer à la discussion !
Je sais pas si les contrats des entraîneurs sont différents de ceux des joueurs. Peut-être qu’Ancelotti était juste dans une situation particulière (et qu’il s’en foutait de payer de sa poche, si tel était le cas).
Oui, Gourcuff, Gomis, ce ne sont que deux exemples… De mémoire, Briand ou Bastos avaient aussi eu droit à un traitement de faveur.
Sur ce ce point, et comme dabe, ni Ancelotti et encore moins le PSG ont trop communiqué. Pour ce dont je me souviens, Nasser a « mis la pression » sur Ancellotti. (« Tu gagnes le prochain match ou t’es viré »). Ancelotti a gagné le match mais n’a pas apprécié d’être traité comme un larbin. En fin de saison, il a dit qu’il voulait partir mais Nasse estime que c’est lui qui vire, c’est pas l’entraîneur qui s’en va ! Et donc il a demandé à se qu’Ancelotti indemnise le PSG, comme la législation sur les CDD l’exige, pour l’année de contrat non prestée.
Ancelotti a payé 4 tuiles de sa poche et le Real l’autre moitié.
Blanc s’en ai un peu mieux tiré … financièrement parlant, du moins
Ce qui m’étonne, c’est que ce ne soit pas le Real qui ait réglé la somme, comme c’est le cas d’habitude. C’est comme si Ancelotti avait payé pour aller entraîner le Real, ce serait bien négocié de la part des Madrilènes.
Dans toutes ces discussions à propos de l’argent dépensé pour se payer des joueurs et pour les payer, on ne va pas au fond du problème, puisqu’on ne parle jamais des vrais responsables… nous !!!. Le pognon de ce bizness, d’où vient-il ? De la poche de babasse, de Noizet, de tous ces abrutis qui brûlent des millions de tonnes de pétrole pour aller au boulot ou pour partir en vacances . De tous ceux qui achète des conneries vendus par les sponsors !
Ceux qui vont dans les stades, ils ont au moins une excuse, ils ont banqué pour ceux qu’ils admirent, mais ma belle mère, qui a 87 ans, elle n’y a jamais foutu les pieds mais il n’empêche que lorsqu’elle fait le plein de sa vieille 106 Peugeot, ou qu’elle remplit son caddy au supermarché du coin, elle paie une partie du transfert de Neymar.
mais vu son âge on peut lui pardonner . De plus, elle achète un excellent Gevrey Chambertin, ce vin de Bourgogne qui permet à Dijon, cette équipe que tu admire, de se payer de grands joueurs …
Suis en partie d’accord mais perso, jamais je ne m’abonnerais à BeIn ou C+, jamais je n’offrirais à un gamin un maillot de Neymar. Quand j’étais gosse, un gamin qui portait un maillot avec un nom autre que le sien, on se foutait de sa gueule !
Si tout le monde fait ça, la bulle va se dégonfler vite fait !
La Qataris spéculent sur notre connerie.
Et pour l’instant, ils ont foutrement raison.
C’est une façon de voir les choses, mais vu la puissance d’investissement du Qatar, si on ne veut pas « participer » au transfert de Neymar, on ne va plus pouvoir acheter grand-chose…
A la limite, dans ce cas, il vaut mieux acheter tout ce dont on a besoin dans les petits commerces… Enfin, je vous dis ça… J’ai déjà vu mon épicier avec un maillot du PSG…
La vrai question du debut, MBAPPÉ vaut il 180 M€, ma réponse est NON.
Autant pour NEYMAR, je dis oui, il fait parti du top 3 et même le 1er vu l âge des 2 autres.
MBAPPÉ n a pas une notoriété comme la star brésilienne. (Droit tv, vente de maillots etc)
La discussion à vite déviée sur le fairplay financier, une foutaise.
Prenons un exemple, dembele vendu au Barça avec une cause libératoire de 400 M € désormais.
Imaginons que ce brave homme est envie de changer d air disons dans 2 ans?
Quels clubs pourraient payer cette clause sans venir chatouiller les oreilles chastes des pontes de l UEFA?
On contourne la loi, style montage financier MBAPPÉ et le tour est joué.
Chacun sait que si un joueur à envie de partir, il finira par partir.et c est pas la clause ou l UEFA qui changeront la donne.
Juste une info, CR7 et KB clause libératoire 1 milliard d euros, modric 31 ans 500 M €.
Tant que ses clauses existeront, le fairplay financier est une foutaise.
fairplay financier.
Dans ce cas, si Neymar est premier, vaut-il plus que 222M€ ? Combien alors ? 500M€ ? 1 milliard ?
D’après des dires, le fair-play financier est une foutaise, justement parce que les clubs trouvent des montages financiers pour le contourner. Ça veut donc juste dire qu’il est trop faible juridiquement.
En fin de compte, les clauses n’y sont pour rien dans tout ça. La preuve avec Mbappé : il n’y avait pas de clause libératoire, ce n’est pas pour autant qu’il est parti pour une bouchée de pain. Ou alors une grosse bouchée d’un très bon pain.
Ah bon?
On vera bien si le PSG est inquiété par L enquête UEFA.
Pour MBAPPÉ, ils se sont juste alignés sur le REAL.
Et comme le joueur voulait aller au PSG..
Pas sûr que le Real était prêt à mettre 180 M€ pour Mbappé, ce qui ferait le double de… Cristiano Ronaldo. Ce dernier l’aurait sans doute mal pris.
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