Le 99è Tour de France est parti depuis une semaine. Que faut-il retenir de cette première partie ? Le Yaourt du Sport vous livre son analyse et tire déjà un premier bilan de ses quelques pronostics d’avant-course… Si vous voulez quelques clés de lecture pour l’article ou si vous voulez entamer votre culture Tour de France par les bases, n’oubliez pas notre Tour de France pour les nul(le)s !
Les chutes changent-elles la donne ?
Réponse claire, nette et engagée : oui et non. Il est évident que dans certains sprints, les chutes ont eu une influence : tour à tour retardés ou esquintés, Sagan, Cavendish, Greipel n’ont pu donner la pleine mesure de leur vitesse dans au moins une étape. Finalement, celui qui me semble le plus épargné, Matthew Goss, n’aura pas remporté la moindre étape pour le moment. Côté classement général, des chutes ont pu mettre fin aux espoirs de certains coureurs. Mais honnêtement, parmi les plus ou moins largués, qui pouvait réellement prétendre à la victoire finale, et même à un podium ? Voici une petite liste non exhaustive de ces cyclistes : Schleck, Valverde, Gesink, Rolland, Scarponi, Hesjedal… Certains ont lâché deux minutes, d’autres trois, ou ont abandonné (c’est le cas du Canadien, le dernier cité)… En fin de compte, et fort heureusement, aucun des favoris ou réels outsiders n’a été concerné directement par les chutes et les Evans, Wiggins, Nibali, Menchov… vont pouvoir s’expliquer sur le vélo, et non à l’hôpital.
Les grands favoris tous dans le coup
Parlons justement de la course au maillot jaune, en particulier à la lumière de l’étape du jour qui arrivait au sommet de la Planche des Belles Filles (true story). La première chose qui saute aux yeux, nous en avions parlé (ok, comme tout le monde), c’est que l’équipe Sky est presque une dream team. Aujourd’hui, dans la première étape qui grimpait vraiment, Bradley Wiggins a été emmené dans un fauteuil par les Porte, Rogers et autre Froome, ce dernier s’étant même permis de remporter l’étape (présence probable dans le top 10 à la fin du Tour). Ça m’a rappelé, et je ne pense pas être le seul, le « train bleu » US Postal pour Armstrong ou l’armada Discovery Channel pour… Armstrong. Espérons qu’il y aura davantage de suspense avec les Sky.
Le deuxième fait marquant, c’est la confirmation des deux immenses favoris : Bradley Wiggins et Cadel Evans. Le second nommé a pu suivre, a priori sans trop de problèmes, le train des Sky et a trouvé les ressources pour disputer la victoire sur la Planche des Belles Filles (même s’il a été coiffé au poteau par Froome). Les deux ont semblé être les plus forts sur cette étape, et sans doute sur le Tour, sachant qu’un contre-la-montre se profile déjà ce lundi. Quelqu’un pourra-t-il les menacer parmi les outsiders ? Mention spéciale à Vincenzo Nibali, un des rares à pouvoir suivre le rythme quasiment jusqu’à la ligne d’arrivée. Je n’ai toutefois pas l’impression qu’il soit au niveau des deux favoris et comme on le pressentait, Ivan Basso ne lui sera sans doute pas d’un grand secours…
Faisons le point sur les autres qu’on avait plus ou moins annoncés. Du côté de ceux qu’on avait décrits comme outsiders sérieux, fortunes diverses. Denis Menchov n’est pas mal et pointe à moins d’une minute de Wiggins. Ça semble difficile pour le Russe d’aller chercher la victoire, mais podium toujours d’actualité. Quant à Tony Martin… Des lecteurs m’avaient fait remarqué qu’il aurait du mal à suivre en montagne. Et finalement, il a du mal à suivre tout court. En réalité, pour l’instant, sa principale victoire est de ne pas avoir encore abandonné. Je persiste à penser qu’il avait quelque chose à jouer et force est de constater que sans sa déveine, il aurait largement pu contester la victoire du prologue à Cancellara. Je pensais qu’il pouvait crever l’écran dans le prologue, et il a crevé, tout court. Fortunes tout aussi diverses pour les outsiders à suivre. On a déjà parlé de Vincenzo Nibali, qui a une bonne carte à jouer pour le podium. On a aussi déjà parlé de Ryder Hesjedal, pour qui la seule carte à jouer sera une carte postale. Jurgen Van den Broeck, lui, n’a pas été gâté dans la septième étape, ralenti par un souci mécanique alors qu’il semblait plutôt bien. De fait, il est relégué à plus de deux minutes du maillot jaune, mais s’il reste dans cet état de forme, il peut accrocher un top 5. Enfin, les « faux outsiders » en qui on ne croyait pas ont confirmé les non-espoirs qu’on fondait en eux. On croyait Fränk Schleck et Samuel Sanchez limités en CLM. En fin de compte, ils ont l’air aussi limités en montagne cette année. Robert Gesink, comme Schleck, n’a pas été épargné par les chutes. Enfin, Rein Taaramäe peut en revanche être satisfait : il est parvenu à s’accrocher avec les meilleurs pendant la septième étape et a endossé le maillot blanc. On voit mal qui pourrait désormais l’en déposséder…
Allez, après une semaine d’épreuve, pronostic yaourt pour le Top 5 :
- Cadel Evans
- Bradley Wiggins
- Denis Menchov
- Vincenzo Nibali
- Jurgen Van den Broeck
Maillot vert : Bonjour Peter !
Parlons désormais des sprints et de la course au maillot vert. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un nom se détache clairement : Peter Sagan. Je ne l’avais pas fait figurer parmi les grands favoris, et des lecteurs me l’avaient fait remarquer (bravo à eux au passage !), à juste titre je dois le reconnaître. Le coureur de la Liquigas a juste été omniprésent en ce début de Tour, avec déjà trois victoires d’étape. Je ne pensais pas qu’à 22 ans, pour sa première participation, il était capable d’être aussi époustouflant. Et ce qui est vraiment bluffant, c’est que le Slovaque est capable de battre des mecs comme Cancellara, Boasson Hagen ou Gilbert sur des finals difficiles, mais aussi de tenir la dragée haute (a minima !) dans les sprints massifs à Cavendish, Greipel ou autre Goss… Il sait presque tout faire ! Je pense même que d’ici quatre ou cinq ans, il sera capable de viser un podium lors d’un grand tour (France, Espagne ou Italie).
Qui peut encore l’empêcher de ramener le maillot vert à Paris ? Ca risque d’être compliqué, mais les deux seuls encore en course sont Matthew Goss et André Greipel. L’Australien n’a pas encore gagné mais fait toujours l’effort dans les sprints intermédiaires. L’Allemand a gagné deux étapes, mais on le voit rarement dans les sprints intermédiaires, et surtout, il a été victime d’une chute. Ceci dit, même diminué, il a fait deuxième de la sixième étape derrière… Sagan. Mark Cavendish, lui, semble déjà trop loin et ne devrait pas trop tarder à abandonner. Son coéquipier, Edvald Boasson Hagen, a sans doute déjà laissé passer sa chance, mais pourrait revenir pour une victoire d’étape. Marcel Kittel a, lui, déja abandonné, et c’est bien dommage ! C’est Tom Veelers qui prend le relais, assez efficacement, pour les sprints chez Argos Shimano. Mark Renshaw fait, quant à lui, sans doute l’objet d’un avis de recherche lancé par la Rabobank. Peu de nouvelles également de Tyler Farrar ou Grega Bole. Alessandro Petacchi, lui, fait un jubilé réussi en prenant régulièrement des places d’honneur.
Après une semaine de course, avec certes un peu moins de conviction, on maintient notre pronostic yaourt pour le maillot vert : André Greipel.
On se retrouve la semaine prochaine pour voir si on s’est encore planté ! Et continuez à nous faire part de vos remarques, vos intuitions, vos pronostics… Enfin, n’oubliez pas que si vous voulez vous joindre à ces débats, mais que vous n’y comprenez rien, le Tour de France pour les nul(le)s vous permettra de combler vos lacunes !
B.