Lettre ouverte à M. Biétry, et autres dirigeants de chaînes sportives

Vendredi avait lieu le grand lancement de beIN Sport 1, la chaîne qatarienne censée révolutionner le sport à la télévision. Vaste programme, tant la pauvreté des programmes français est affligeante.

Foot. Tennis. Rugby. Foot. Voilà ce que nous proposent les différentes chaînes de télévision à l’année. Evidemment je passe outre les JO qui sont comme une oasis de fraîcheur parmi cette sécheresse sportive. On se plaint souvent du manque de culture sportive des Français, il faudrait surtout chercher la source du problème. Comment apprendre à connaître et apprécier un sport s’il n’est pas retransmis ? Il existe des chaînes avec de la matière sportive (Canal +, Eurosport, et maintenant les BeIN Sport), mais combien de petits, garçons et filles, n’auront jamais l’occasion d’étendre leur champ de connaissance car leurs parents n’ont tout simplement pas les moyens de recevoir ces chaînes payantes ? Combien de petits enfants étaient aux anges quand un de leurs grands-parents avait le câble ou le satellite, et que donc ils pouvaient enfin voir le championnat du monde de fléchettes, ou le concours de l’homme le plus fort du monde?

Alors certes, le football est bien retransmis en clair. Chaque petit féru de foot peut vous retracer la carrière complète de Luc Sonor ou de Franck Queudrue. On comprend aisément le cliché de la femme exaspérée par l’overdose de foot après 5 soirs sur 7 occupés par le ballon rond ! Mais le reste ? Handball, volley-ball, équitation, basket, golf, escrime ? Vous me direz « mais les gens ne s’intéressent qu’au foot ». EVIDEMMENT ! Ils n’ont jamais eu accès à rien d’autre. Est-ce que la culture sportive d’un pays crée l’offre télévisuelle, ou est-ce que l’offre télévisuelle crée la culture sportive ?

Pour faire un petit parallèle intéressant, aux Etats-Unis, les chaînes sportives offrent, gratuitement, un véritable bouquet de sport. Les sports de leur culture évidemment, comme le baseball, le basket ou le foot US, mais également du soccer, du rugby, du golf. Et tout cela au niveau masculin et féminin, professionnel et universitaire. Difficile de s’étonner ensuite de l’excellence sportive dans les facs…

M. Biétry, votre tâche est lourde mais je l’admire, car vous voulez faire bouger les choses. Votre prix est accessible (11 euros pour deux chaînes intégralement sportives), et vous avez su profiter des facilités monétaires de vos associés pour offrir autre chose à tous les passionnés de sport. Je ne sais pas si ça fonctionnera, mais l’initiative est honorable, car elle forcera vos concurrents à renouveler leur panel et peut-être, à terme, permettre à tous d’étancher leur soif de sport.

Sportivement,

S.