Les ratés du sport au cinéma

Le lien entre le sport et le cinéma peut être symbolisé en un mot : l’émotion. En sport, l’émotion est due à la tension de l’instant, tout se joue à un moment précis, et incertain par définition. Au cinéma, tout est travaillé à l’écriture du scénario, et dans l’angle de vue choisi pour filmer une action et en faire ressortir un sentiment. Certains réalisateurs ambitieux ont tenté de lier les deux en produisant des films sur le sport, avec plus ou moins de réussite. On ne parle pas de « film de sport », mais on utilise le sport pour faire une comédie, un drame, et raconter une histoire. Mais si on parle parfois de « navets », il faut en distinguer deux types : les volontaires et les involontaires.

Les « navets » volontaires

Il faut tout d’abord comprendre ce qu’est un navet « volontaire ». C’est un film pauvre au niveau de son scenario, et farfelu dans ses scènes, mais qui n’entend pas traiter de la réalité du sport. L’archétype, c’est sans doute Shaolin Soccer. Une équipe de moines tibétains qui jouent au foot, et qui dont le gardien se sert d’une technique de pâte à crêpes. J’ai du mal à croire que Stephen Show, le réalisateur, ait voulu faire un film réaliste et véhiculant les valeurs du sport. Dans ce cas le sport est utilisé comme base, avec des ficelles évidentes comme le tir de la dernière seconde au ralenti, ou la nouvelle ferveur du public pour une équipe qui monte.

Dans le même genre on peut citer Airbud ou Didier. Dans ces deux cas les scénaristes utilisent deux sources à émotions : le sport et les animaux. On s’attache à ces animaux qui excellent en basket et en football, et ça donne la recette idéale pour une comédie familiale ! On en oubliera sans doute, mais on se doit de citer d’autres films qui entrent dans ces catégories, comme Rasta Rocket ou Space Jam.

Encore une fois, le terme « navet » est très subjectif, dans la mesure où un film est mauvais ou non selon l’appréciation du spectateur. Il faut bien rappeler que le but est de faire rire, pas de gagner un oscar. Mais il existe tout de même des exemples d’échecs, de films qui se voulaient solides, et sensés, mais qui n’ont pas marché.

Les « navets » involontaires

L’idée n’est pas de flinguer ces films, cela nécessiterait une légitimité et de réelles connaissances cinématographiques. Mais on peut s’interroger sur les raisons de l’échec. Premier exemple, 3 Zéros. Tout était là, les acteurs (Lanvin, Darmon, Nanty) n’étaient certes pas nommables aux César, mais ce sont de bons acteurs. Le scenario tient debout, et le PSG en toile de fond et l’apparition de vraies personnalités du football donnent une vraie crédibilité. Le problème c’est peut-être le choix de l’acteur principal. Pourtant Lorant Deutsch n’est pas mauvais en football, mais l’image qu’il donne pêche dans le résultat final. L’aspect comique prend trop le pas, et la mayonnaise ne monte pas. Les audiences s’en sont ressenties : moins d’un million d’entrées.

Parfois, les grands acteurs sont là, mais c’est la réalisation qui pêche. Dans Wimbledon de Richard Loncraine, les prises de vue et le scenario enlèvent l’apport du sport dans le film. Les matches sont mal filmés, le scenario est trop romancé pour rester crédible. Pourtant, on sent que le réalisateur a vraiment voulu utiliser les émotions véhiculées par le sport pour donner du fond à son film. Le casting est également efficace avec Kirsten Dunst et Paul Bettany. Mais au final, ce film ne trouve pas son public car il parle trop de sport pour les amoureux de comédies sentimentales, et il le dénature trop pour les amoureux de sport. Résultat, le film a traversé le box office de manière anonyme.

C’est peut-être l’enjeu le plus important du film sur le sport, trouver le dosage pour que l’ensemble soit réussi. On l’a dit, les émotions transportées par le sport et le cinéma sont puissantes. Il faut trouver la quantité idéale de chaque pour que tout prenne.

Nous avons donné ici quelques exemples de films dans lesquels justement le dosage des ingrédients n’est pas bon. C’est évidemment une liste non exhaustive et surtout subjective. Et elle ne sous-entend pas que la recette idéale est imaginaire. Certains films sur fond de sport sont des chefs-d ‘œuvres. Mais il est délicat de ne pas tomber dans la facilité, et de trop tirer sur des ficelles d’émotions évidentes, car la caricature n’est jamais loin. Pour terminer sur un sujet très actuel, il sera intéressant de savoir si « Le Stratège », qui sort dans les salles obscures, avec Brad Pitt a trouvé l’équilibre et évitera donc d’être cité dans une prochaine liste de ce genre…

S.

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