Barcelone – Milan : Et si ma tante en avait…

Commençons par dire que je ne suis pas un fan du Barça. Mais il est vrai que j’apprécie de voir jouer cette équipe. Un jeu porté sur l’offensive, fait d’accélérations et de redoublements de passes, cela correspond à une vision du football que je trouve agréable à suivre. Néanmoins, comme d’autres (coucou Mexès !), je peux parfois être agacé par certaines provocations ou simulations de la part de Busquets, Dani Alves ou encore Messi…

L’arbitre accusé

Hier, mardi 3 avril, quart de finale retour de Ligue des Champions FC Barcelone – Milan AC. Bref rappel des faits : 3-1 pour le Barça, dont deux buts catalans sur des penaltys transformés par Lionel Messi. Ce sont justement ces décisions arbitrales, en particulier la deuxième, qui font polémique sur divers forums sportifs depuis la fin du match.

En ce qui me concerne, je trouve le premier penalty logique et le deuxième contestable. Sans pour autant être scandaleux. Mais surtout, ces « faits de jeu » ont permis à de nombreux détracteurs de Barcelone de ressortir l’ancestrale théorie du complot : à chaque fois que le Barça est en difficulté, un coup de pouce du hasard / du destin / de l’arbitre (rayer la mention inutile) lui vient en aide.

Allegri coupable ?

Premièrement, si l’on s’en tient à la double confrontation contre le Milan AC, il ne me paraît pas évident que l’arbitrage ait été qu’en faveur de Barcelone. Ce n’est que mon ressenti, mais je me souviens qu’au match aller, il n’aurait pas été abracadabrant que les Blaugrana bénéficient d’un penalty. En revanche, ce qui me paraît évident, c’est que les Rossoneri paient leur manque d’ambition du match aller. Bétonner derrière en misant tout sur un hypothétique 0-0 pour conserver ses espoirs lors du match retour n’aura pas été une stratégie couronnée de succès. D’autant qu’au match retour, avec 2 tirs, dont un seul cadré, les attaques seront restées trop timorées pour faire la différence.  Avec un trio offensif Ibrahimovic-Robinho-Boateng, n’y avait-il pas moyen de mettre davantage en difficulté une défense catalane, qui n’a pas toujours semblé d’une sérénité à toute épreuve ?

Avec des si…

De manière plus générale, j’ai l’impression que les victoires du Barça lors des matchs importants suscitent souvent le même type de réactions. « Et si l’arbitre n’avait pas accordé ce penalty… », « Et si Pato ne s’était pas blessé… », « Et si untel n’avait pas été expulsé… », « Et si untel n’avait pas fait une erreur à ce moment du match… », « Et si cette frappe n’avait pas été contrée… »… Et si ma tante en avait ? Oui, fréquemment, un match se joue sur un ou plusieurs fait(s) de jeu favorable(s) à l’équipe qui l’emporte. Mais n’est-ce pas inhérent au football, voire au sport en général ? Affirmer que Barcelone se qualifie toujours avec une grande part de chance me paraît être un raccourci bien subjectif. Et si l’on s’en tient au vieil adage, gageons qu’au moins pour ce quart de finale, la chance aura souri au plus audacieux.

B.

Cours de soutien aux Marseillais

Je me suis amusé à m’imaginer dans la peau du rédac chef de la Provence, pour l’édition de demain matin :

« Supporteur : spectateur de sport prenant parti pour une équipe, pouvant la suivre en déplacement pour l’encourager. Cette définition, pourtant simple, semble avoir été oubliée par les passionnés de l’Olympique de Marseille. Mercredi dernier, le stade Vélodrome, qu’on prétend si explosif, devait sembler glacial au public bavarois venu soutenir le Bayern. Ce soir à l’Allianz Arena, les rares inconditionnels du club phocéen qui auront fait le déplacement pourront regarder leurs homologues et apprendre comment porter une équipe et jouer à fond le rôle de 12è homme. A Munich, 69000 supporteurs viennent en moyenne pousser le Bayern, chauffer les gradins et donner une voix à ce stade. La qualification est presque acquise pour les Munichois, mais nul doute que l’enceinte sera pleine. Prenons en de la graine, vibrons pour l’OM, osons croire à l’exploit ! Et ne laissons pas les querelles internes gangréner notre club, surtout cette semaine. Chacun sa spécialité. »

S.

L’OM doit-il laisser tomber une compétition ?

A la peine en Championnat, l’Olympique de Marseille est encore en lice sur quatre tableaux (Coupe de France, Coupe de la ligue, Ligue des champions et Ligue 1). Au moment d’entamer un marathon de matches, l’OM doit-il laisser filer une compétition ?

Six matches en dix-huit jours. Voici le rythme infernal auquel les joueurs de Didier Deschamps vont devoir se plier à partir de ce soir. Et ce marathon commence avec le déplacement à Quevilly en quart de finale de la Coupe de France. S’il paraît difficile d’imaginer les Marseillais perdre délibérément, il est probable qu’ils soient encore sonnés par leur étonnante série du moment (6 défaites consécutives, toutes compétitions confondues). Plus généralement, même s’il est difficile d’envisager l’OM lâcher un match a priori facile, tous les autres auront une importance cruciale. Quand on se rappelle de l’effet qu’a eu la victoire en Coupe de la ligue en 2010 sur la fin de la saison, la finale de cette édition 2012 face à Lyon sera un autre match charnière. A côté de ça, il y a ce quart de finale de Ligue des champions face au Bayern Munich. Lorsqu’on passe une saison de Championnat à tenter de se qualifier pour une coupe européenne, on ne laisse pas passer un quart de finale, d’autant qu’une éventuelle qualification pourrait servir d’électrochoc de confiance. Tout cela avec en toile de fond la Ligue 1, qui reste la priorité du club.

« Pas lâcher le championnat »

En plus, Didier Deschamps est un compétiteur né. Lui qui était présent lors de la dernière accession de l’OM à ce stade en Ligue des champions (l’année de la victoire en 1993), il est impossible pour lui de demander à ses joueurs de lever le pied sur ce genre de match. « On est dans le dur actuellement. On est présent dans quatre compétitions. Et là où on est le moins bien embarqué, c’est le Championnat. Mais on ne peut pas le lâcher. Notre programme est chargé mais on se doit d’engranger des points en Championnat. » Le coach olympien devra donc faire avec, en prenant à chaque fois le risque que la débauche d’énergie en coupes pénalise son groupe, déjà trop mince pour le seul Championnat, pour le match suivant en Ligue 1. Car le paradoxe le plus cruel pour l’OM est bien là : la confiance en Championnat peut revenir grâce aux coupes, mais gagner les coupes il faudra puiser dans l’énergie consacrée au Championnat… Sans oublier le fait que les coupes, européennes et nationales, offrent une place qualificative au vainqueur  pour l’année suivante en coupe d’Europe. Encore une fois les intérêts des coupes et du Championnat se chevauchent dans une cavalcade risquée. Aux risques et périls de Didier Deschamps et ses hommes, qui vivent décidément une drôle de saison.

Finalement, l’expression « courir plusieurs lièvres à la fois » s’applique parfaitement à la situation de l’Olympique de Marseille. Nul doute qu’il va perdre des plumes, mais force est de constater qu’il n’a pas vraiment le choix, et que cette réussite en coupes sonne étrangement comme une malédiction…

S.