Ce soir, le XV de France rencontre la Nouvelle-Zélande dans un match qui n’est jamais vraiment amical. Pas à cause d’une rivalité ancestrale, mais parce que les « All Blacks » forment l’équipe la plus redoutable. La question que nous avons posée à notre ami un peu ovale Pierre Ammiche, c’est « comment une si petite île, cachée dans l’ombre de l’Australie, a pu devenir la référence mondiale de ce sport ? » Voici sa réponse.
1) Le rugby dans le sang
Ancienne colonie britannique, terre colonisée par les Écossais et les Gallois au XIXe siècle, toujours membre du Commonwealth, la Nouvelle-Zélande a le rugby qui coule dans ses veines. C’est simple : pas une ville, un village, un hameau sans son terrain de rugby. Pas un collège, une école, une classe sans sa section scolaire ovale. Pas un enfant qui n’ait pas sa balle de rugby avant ses 5 ans. Le nombre de licenciés est hallucinant (200 000, pour un caillou de 4,3 millions d’habitants). Bref, jouer au rugby au pays du long nuage blanc, c’est évidemment une part de culture, mais plus encore, une religion. Et pas question de louper la messe.
2) Un code génétique hors normes
En Nouvelle-Zélande, il y a 15% de Maoris, les habitants historiques. Dans l’équipe nationale de rugby, le taux grimpe à 30% environ. Le pragmatisme et le réalisme britanniques gravés dans la tête, la folie créative des voyageurs du bout du monde dans les tripes, la puissance et l’explosivité des Micronésiens dans les gènes, le cocktail parfait pour la pratique du rugby. Les Maoris font environ 1,85m et 100kg de moyenne. A 13 ans. Les gabarits exceptionnels côtoient les magiciens. Les chefs d’orchestres magistraux se mettent aux service de solistes de génie. Si tout est bon dans le jambon, tout est inouï chez les kiwis.
3) Un championnat au service de la sélection
La spécificité principale de la sélection néo-zélandaise est que les joueurs sont liés à la fédération par contrat. La franchise (sélection régionale) pour laquelle ils jouent n’est alors que le moyen pour eux de jouer quelques matchs. Et de le faire sans la pression du résultat (aucune équipe ne descend à la fin de la saison), en gérant le temps de jeu des meilleurs avec doigté (le temps de jeu est millimétré pour les stars) et en s’assurant la fidélité de ses joueurs : aucun international ne peut être sélectionné s’il n’a pas de contrat avec la fédération. Or, un départ à l’étranger revient à renoncer à son contrat, et par conséquence au maillot black. Ultime astuce pour empêcher l’exode vers l’Europe est ses milliers d’Euros…
4) Le pillage sans relâche des voisins
Autre astuce, en plus de retenir les meilleurs Néo-Zélandais : faire venir les meilleurs étrangers du continent. Jonah Lomu (Tonga), Tana Umaga (Tonga), Joe Rokocoko (Fidji), Sitveni Sivivatu (Fidji), Mils Muliaina (Samoa)… Devenez plutôt Kiwis ! WE WANT YOU! Le maillot Black fait rêver, surtout quand il vous sort d’un des pays les plus pauvres du monde.
5) Détruire le mental de l’autre
Enfin dernier élément : la crainte que les Blacks inspirent. Tout chez eux est fait pour vous calmer… Le maillot entièrement noir, inimitable. Le haka, ancien chant de guerre devenu aujourd’hui une marque. Les stars, dont le simple nom donne des frissons aux meilleures défenses du monde. La machine All Black, la manne financière qu’elle représente, le palmarès qu’elle affiche. Si les Blacks inspirent la crainte, ils ont surtout le don d’imposer le respect, partout. Tout le temps.
Enfin, voici quelques phrases à délivrer subtilement lors du match, ou que vous entendrez si vous avez un ami rugbyman avec vous devant la télé.
– « Ah McCaw, ce petit fumier, encore hors-jeu !!! » McCaw, c’est la capitaine des mecs tout en noir, et il a une science du jeu telle qu’il agace TOUJOURS ses adversaires.
– « Le haka, ça donnerait envie à n’importe qui d’aimer le rugby ». Au moins le haka, tout le monde comprend, c’est impressionnant et facile à imiter. Même si c’est péché.
– « Alors lui, c’est un virtuose, je l’adore, un vrai magicien ». Là c’est facile, c’est applicable à la moitié de l’équipe. Mais si vous voulez préciser un peu, tentez-le pour Dan Carter, le numéro 10, ou Israël Dagg, le numéro 15. Ils se ressemblent un peu !
P.
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