Intéressons-nous à la polémique de la 19e journée de Ligue 1 : le coup franc indirect sifflé par l’arbitre, M. Buquet, lors du match Ajaccio – Rennes (score final 2-4), en faveur des Bretons et qui a entraîné le dernier but de la rencontre. Ce fait de jeu a également entraîné la colère du banc ajaccien, du président Alain Orsoni, d’une partie des supporters corses (non, on ne fait pas l’amalgame avec les supporters bastiais. Mais tout de même…), tant et si bien que la partie a été interrompue durant une dizaine de minutes. Y a-t-il eu une injustice, une décision scandaleuse, une « grossière erreur d’arbitrage » comme on peut le lire sur divers sites sportifs ? Le Yaourt du Sport est allé creuser dans les textes de la FIFA pour vous apporter une réponse claire : non, l’arbitre ne s’est pas trompé !
Rappel des faits
On joue la 70e minute de cet Ajaccio – Rennes. Le score est de 3 à 2 pour le Stade Rennais. Sur une contre-attaque des Bretons, Julien Féret tente de lober Ochoa, le gardien d’Ajaccio sorti à sa rencontre. Mais le ballon atterrit dans les pieds du défenseur de l’ACA, Carl Medjani, qui contrôle, jongle un peu et donne le ballon de la tête à son gardien, qui se saisit de la balle avec ses mains. Rien de bien intéressant jusqu’à ce qu’au bout de quelques secondes, l’arbitre siffle à la surprise générale (on pense d’abord qu’il a éternué dans son sifflet) et accorde un coup franc indirect aux Rennais ! La suite, on en a déjà parlé : but de Féret, supporters mécontents, interruption de la partie, président d’Ajaccio, Alain Orsoni, qui déclare à la fin du match que c’est « scandaleux », « qu’on nous sort une loi que personne ne connaissait »…
Que disent les lois justement ?
Peut-être que certains d’entre vous l’ignorent, mais le football, comme tous les sports, est régi par des lois. Des lois, dites « Lois du Jeu », qui sont écrites noir sur blanc dans des documents officiels de la FIFA. Bien sûr, c’est assez rare de voir sur un terrain un arbitre jeter un coup d’oeil discret à ces textes, mais il est censé avoir tout en tête. Que pouvait donc avoir Ruddy Buquet en tête quand il a sifflé ? La loi 12 stipule notamment :
« Un coup franc indirect est accordé à l’équipe adverse si, à l’intérieur de sa propre surface de réparation, un gardien de but :
• touche le ballon des mains sur une passe bottée délibérément par un coéquipier ; »
Comme dans la plupart des lois, tous les mots sont importants. Ainsi, dans ce cas, le mot « bottée » est crucial puisqu’il implique que seules les passes effectuées au pied sont passibles d’une sanction. Un gardien de but peut donc toucher de la main un ballon sur une passe délibérée d’un de ses coéquipiers si cette passe est effectuée de la tête, de la poitrine, de la cuisse, du dos, ou encore de la hanche. Si les textes s’arrêtaient à ceci, l’arbitre se serait donc trompé ! Mais les Lois du Jeu comportent également une ribambelle d’« Interprétations des Lois du Jeu et directives pour les arbitres », que ces derniers sont contraints de suivre. Et dans la rubrique concernant les interprétations et directives à propos de la loi 12, voici ce que l’on peut entre autres trouver, dans le chapitre « Avertissement pour comportement antisportif » :
« Un joueur peut être averti pour comportement antisportif notamment s’il :
• use délibérément d’un stratagème, alors que le ballon est en jeu, pour passer le ballon à son gardien de la tête, de la poitrine, du genou etc. dans le but de contourner la lettre et l’esprit de la Loi 12 et ce, que le gardien touche ou non le ballon des mains. Le jeu devra reprendre par un coup franc indirect ; »
En d’autres termes, non seulement l’arbitre, en vertu de cette règle, a eu entièrement raison d’accorder un coup franc indirect aux Rennais, mais d’une part, il n’était pas nécessaire d’attendre que le portier ajaccien se saisisse du ballon, et d’autre part, Carl Medjani, le défenseur corse, aurait très bien pu récolter un carton jaune sur cette action !
Alors, qui est « scandaleux » dans l’histoire ?
On a donc bien du mal à voir où peut bien se situer le « scandale » dans cette histoire. L’arbitre semble avoir pris une bonne décision, et ce sans accabler davantage Medjani en lui mettant un carton. Le président Orsoni reproche également à M. Buquet d’avoir sifflé « après 15 secondes de réflexion ». En réalité, il s’agit plutôt de 6 secondes. Dans le feu de l’action, c’est vrai que ça paraît un peu long. De là à parler de scandale… Autre reproche : « il interrompt le match 10 minutes pour des raisons que tout le monde ignore ». Je n’étais pas au stade, mais ça ne me choque pas qu’un arbitre essaie de protéger l’intégrité des joueurs (et surtout la sienne !) face à des incidents en tribune. Enfin, le dirigeant corse a déclaré qu’il souhaitait déposer une réserve parce que, selon lui, le coup franc, indirect rappelons-le, aurait été frappé directement au but, ce qui semble très difficile à prouver au vu des images (en effet, il suffit qu’un joueur touche le ballon avant Féret pour que le caractère indirect soit respecté, ce qui semble être le cas)…
Bref, dans cette affaire, le plus scandaleux, c’est sans doute les propos d’un président de club qui n’aideront certainement pas à calmer les aigreurs de ses supporters. Des propos marqués du sceau de la plus grande mauvaise foi, ou bien de celui de la méconnaissance des règles du football. M. Orsoni, choisissez votre camp !
B.
une fois de plus pourquoi citer les supporters de bastia ,vous feriez mieux de prendre votre plume pour nous raconter ce qui s’est passé sur d’autres stades ce week end, faits bien plus importants à mon sens. Chez nous c’est l’insécurité mais personne dans le coma apres des bagarres comme à lille, jet d’une canette sur un joueur stéphanois lors du match à marseille et j’en passe.Je suis enseignant et je ne fait pas du racisme envers mes eleves, vous vous etes journalistes arretez de deverser votre fiel pour etre à la mode, faites votre boulot
Je cite les supporters de Bastia car les incidents en tribune à Ajaccio et la proximité géographique des deux villes m’ont rappelé que Furiani était suspendu pour cette même journée de championnat. Mais faire brièvement écho à cette affaire ne signifie par qu’il faille confondre supporters ajacciens et bastiais, ni résumer tous les supporters des deux clubs aux fauteurs de trouble que l’on a aperçus ces derniers temps.
Les incidents que vous citez sont tout aussi condamnables. Il me semblait toutefois moins enrichissant d’écrire sur une bagarre entre brutes que sur un incident, celui d’Ajaccio, qui a permis de mettre en lumière des lois du jeu parfois oubliées et la méconnaissance de ces règles par ceux qui sont montés au créneau.